Par chance, nous avons un ébéniste à 2 pas de chez
nous. En plus, il expose quelques chutes de placage et de bois massif.
Il y a aussi des sites sur le web, mais qui ne rendent pas
forcément fidèlement les essences: la
boisserolle, le site de
M. Cerre.
Ma douce aime surtout les bois clairs et chauds. Ma
préférence va vers les bois qui font de beaux motifs et/ou
de la profondeur, sans être non plus surchargés comme les
ronces. On se décide (surtout ma moitié) pour du
citronnier: chaud, mordoré, satiné: pile-poil!
On demande à notre ébéniste du quartier s'il en
vend, vu qu'il en expose un bout dans sa vitrine. Nenni, par contre il
nous donne les coordonnées de Maréchaux. SA. Pas groumpf,
c'est loin de Grenoble, sur la région parisienne. Après
moultes coups de fils à des fournisseurs dans la région,
la conclusion s'impose: rares sont ceux qui en vendent, il sont + chers,
et les feuilles sont de + petite dimension.
Il nous faudra attendre patiemment (et ce fut très très
duuuur) notre "prochain" passage sur Paris (14 juillet) pour nous
procurer ledit placage chez Maréchaux
SA. Le gars qui s'est occupée de nous fut fort sympathique.
Il a trié parmi son stock pour nous trouver un paquet de feuilles de citronnier à la
fois beau et qui nous demande le moins de boulot possible, eu
égard aux dimensions des enceintes. Il nous a aussi gentiment
fourni un peu de papier à jointer, car plusieurs feuilles
étaient fendues au même endroit: tout vient du même
tronc. Trois mêtres carrés, même vendu au tarif de
gros, ça reste cher (même prix que l'ébène de
Macassar!). Boaf, quand je vois le résultat, riiiiieeeeenn de
riiiiiiiieeeeen, jeeuu neeeu regrettttteeeeeuuu riiiiieeeeeennn!!! (Et toi: Moi? Rien de rien)
A force de se balader dans l'immense entrepot avec le gars, on a craque
et achete aussi du placage en prevision la future centrale et les
futures arrières :o) Bois de rose et movingui moiré. Au
passage, le vrai bois
de rose, c'est pas comme dans les catalogues des fabricants d'enceintes.
C'est un bois crème veiné rose.
On en a profité pour prendre de la colle vinylique lente
(excellente et pas cher) et une scie à placage (jamais
utilisé ça, moi!).
1ère étape: scier les feuilles de placage
Pas si facile que ça: il faut choisir grosso-modo quels motifs
du bois on va mettre en valeur. Ensuite vient le casse-tête du
plan de coupe qui minimisera les joints de placage et limitera les
chutes. Enfin vient l'étape découpe, en fixant au
serre-joint une règle métallique de 1m pour guider la
scie. En y allant doucement, scier dans le sens du bois n'embarque pas
la lame de la scie (contrairement à un cutter) et ne fend pas le
placage. A contre-fil (tranchage), il faut juste faire attention
à ne pas embarquer/casser les bords. Bref, pas de soucis :o)
Emballé par la facilité de la manip' (ou fondu par la
canicule?), je coupe plusieurs feuilles à la fois, dans la joie
et la bonne humeur...
Calamitas!!! Les feuilles qui ne devaient pas
être découpées d'après le plan de coupe y
passent aussi!
Résultat: un joint supplémentaire par flanc :o(
Le trait de scie à placage fait un peu moins d'un
millimètre. Impossible donc de faire un joint "comme si de rien
n'était". Autant faire comme si c'était voulu dès
le départ (ahem...). Le petit bout découpé à
tort a été retourné pour obtenir un effet discrètement visible sur cette photo.
Nous avions une petite expérience avec du placage thermocollant.
Muni du post
du forum DIY de homecinema-fr sur le placage, et du livre de Mike
Burton, on angoissait quand même un peu. Avec de la colle
vinylique, la technique des joints par superposition nous tente pas du
tout. Nous nous rabattons sur la technique des joints bord à
bord. Encore une première!!!
Pour cette technique, il nous semble indispensable d'utiliser du papier
à jointer pour maintenir les joints pendant que la colle
sèche. Coup de pôt, notre ébéniste de
quartier accepte de nous vendre un rouleau. Il nous demande comment nous
allons mettre sous presse. "MDF19 +
serre-joints + sangles". Sceptique, il nous propose même
l'utilisation de sa presse!!! "Trop honnête et serviable, il
finira pauvre, cet homme". Cela fait maintenant 1 mois et demi que les
premières feuilles de placage ont été
collées. Malgré la canicule et les manipulations, rien ne
s'est décollé (cross-fingers).
"Ze" têcheunic
Voici la technique que nous avons utilisée. Difficile de faire
des photos pendant les manips, désolé: la colle
sèche trop vite par 30°C.
Passer la 1ère feuille de placage plane au chiffon+acétone des 2
cotes. En profiter pour passer en revue la feuille et mettre
éventuellement du papier à jointer là où
c'est fendillé (côté extérieur)
Passer la face de l'enceinte à l'acétone.
Mettre la feuille en place.
Tracer grosso-modo l'emplacement du joint sur l'enceinte. Enlever
la feuille.
Se servir du tracé pour mettre du scotch de peinture (+
facile pour enlever les excédents de colle). Mettre aussi du
scotch sur le pourtour de la face de l'enceinte à plaquer.
Mettre de la colle, et l'étaler au couteau à colle.
Les dents du couteau permettent de mieux doser/répartir la colle.
Poser la feuille. Maroufler avec un chiffon pour
répartir/évacuer les éventuels excédents de
colle, et vaporiser en même temps du mélange
eau+glycérine+alcool. Ça aide à maintenir la
feuille de placage à peu près plane.
Enlever le scotch plein de colle au niveau du joint, et virer
rapidement au chiffon les éventuelles tâches de colle
fraiche.
Défaire la presse, et tapoter pour trouver
d'éventuelles cloques. En chauffant au fer (+ chiffon sur la
semelle pour pas marquer le placage) et en marouflant au chiffon, on
peut les virer. Du moins s'il y a suffisamment de colle en dessous
à réactiver!
Pour faire un joint, c'est presque pareil. Faut juste être un peu
plus rapide, ne pas s'emmêler les pinceaux, tout ça... :o)
Environ 1h après le précédent collage,
défaire la presse.
Mettre la nouvelle feuille de placage bord a bord avec celle qui
est déjà collée, pour vérifier la
qualité du joint. Le cas échéant, rogner sans
forcer à la scie à placage chacune des deux feuilles. Si
on a trop attendu depuis le collage précédent, le rognage
de la feuille collée est un peu délicat. Vérifier le résultat.
Racler les excédents de colle sèche au niveau du
joint.
Mettre du scotch pour proteger la feuille déjà
plaquée au niveau du joint.
Quand un flanc fini, et au moins 15 minutes après le dernier
congé de colle, enlever délicatement le scotch qui
protège le pourtour sans défaire la presse.
Laisser sous presser 12h. Pschitter un peu pour éviter que le
placage ne travaille trop et se fende. Sinon, avec la canicule, c'est
une galère!!! On a trouvé ce truc du pschittage, mais
hélas un peu tard (dernière façade).
24h après le dernier collage, on peut enfin rogner le placage
qui dépasse. À la défonceuse + un petit coup de
cale à poncer, ça le fait bien, et peu de risque
d'arracher/décoller le placage. Une feuille de placage a tout de
même réussi à me faire une sale blague en se
coinçant entre l'axe de la fraise et le roulement de la fraise
à rogner, entrer en vibration et crac, RONGNUTUDJU!!!! Bien
évidemment, c'était sur une façade, sinon c'est pas
drôle. On a dooouuuucement recollé le petit bout de
placage arraché, qui a quand même un peu bougé
à la mise sous serre-joint (calamitas again).
Autre sale blague: si la défonceuse tourne trop vite et la
fraise à rogner descend trop profondément, ca marque le
placage. Peut-être que le roulement chauffait, ou que les
vibrations arrivaient à faire mordre la fraise sur 1/10 mm
d'épaisseur? En réglant à la vitesse à 2 et
quelques millimètres pifométriques en profondeur, plus de
soucis. Un ponçage minutieux et patient (autrement dit, "de
galérien") a réussi à faire disparaître ces
quelques marques.
Moralité: même à la défonceuse, il faut y
aller avec grand soin.
On a aussi effectué le rognage à la scie à
placage, en se servant d'une planche comme martyr et en inclinant la
scie à placage à 45°. Ca le fait aussi. Il faut
peut-être un poil plus d'attention qu'à la
défonceuse. Néanmoins, c'est une alternative sympathique,
qui prend le même temps, donne un résultat identique: pas
de bruit, pas de copeaux qui volent dans les yeux ni de
poussière, pas de stress de coincer/éclater le placage
dans la fraise. En y allant doucement sans trop appuyer, il n'y a aucun
risque de décoller le placage.
Il faut aussi impérativement virer le papier à jointer
au bout de 24h. Ca se fait en passant une éponge humide dessus,
en attendant 30 secondes, puis en passant le fer dessus. Si on attend +
de 24h avant de virer le papier à jointer, le joint ne peut pas
travailler, et c'est le bois qui lache! Cruelle expérience que
nous avons faite...
En profiter pour enlever à l'aide d'un chiffon humidifié
d'acétone et de pas mal d'huile de coude la colle qui a
éventuellement reflué au travers des pores du placage.
Re-pshitter légèrement.
De notre expérience sous météo caniculaire, le
placage travaille principalement durant les 48h qui suivent le collage.
Nous avons commencé le placage par la face arrière, puis les flancs, les trous du bornier et de l'évent(photo 2, photo3) ont été
ensuite rognés à la défonceuse, puis placage du
dessus, et enfin l'avant. Avec cet ordre,
les bords des feuilles de placage sont complêtement invisibles
quand on est vautré dans le divan^H^H^H^H^H^H^H^H^H^H assis
à la position d'écoute, bien que les bords des enceintes
soient quasi-tranchants et les angles bien pointus (gnark gnark gnark).
Ainsi se clot notre aventure du placage des Dzharis. Au prochain
chapitre: feuillures et autres défonçages.