Le placage

Créé le 1er septembre 2003.

Quelle essence? Où l'acheter?

Par chance, nous avons un ébéniste à 2 pas de chez nous. En plus, il expose quelques chutes de placage et de bois massif. Il y a aussi des sites sur le web, mais qui ne rendent pas forcément fidèlement les essences: la boisserolle, le site de M. Cerre.
Ma douce aime surtout les bois clairs et chauds. Ma préférence va vers les bois qui font de beaux motifs et/ou de la profondeur, sans être non plus surchargés comme les ronces. On se décide (surtout ma moitié) pour du citronnier: chaud, mordoré, satiné: pile-poil!
On demande à notre ébéniste du quartier s'il en vend, vu qu'il en expose un bout dans sa vitrine. Nenni, par contre il nous donne les coordonnées de Maréchaux. SA. Pas groumpf, c'est loin de Grenoble, sur la région parisienne. Après moultes coups de fils à des fournisseurs dans la région, la conclusion s'impose: rares sont ceux qui en vendent, il sont + chers, et les feuilles sont de + petite dimension.

Il nous faudra attendre patiemment (et ce fut très très duuuur) notre "prochain" passage sur Paris (14 juillet) pour nous procurer ledit placage chez Maréchaux SA. Le gars qui s'est occupée de nous fut fort sympathique. Il a trié parmi son stock pour nous trouver un paquet de feuilles de citronnier à la fois beau et qui nous demande le moins de boulot possible, eu égard aux dimensions des enceintes. Il nous a aussi gentiment fourni un peu de papier à jointer, car plusieurs feuilles étaient fendues au même endroit: tout vient du même tronc. Trois mêtres carrés, même vendu au tarif de gros, ça reste cher (même prix que l'ébène de Macassar!). Boaf, quand je vois le résultat, riiiiieeeeenn de riiiiiiiieeeeen, jeeuu neeeu regrettttteeeeeuuu riiiiieeeeeennn!!! (Et toi: Moi? Rien de rien)

A force de se balader dans l'immense entrepot avec le gars, on a craque et achete aussi du placage en prevision la future centrale et les futures arrières :o) Bois de rose et movingui moiré. Au passage, le vrai bois de rose, c'est pas comme dans les catalogues des fabricants d'enceintes. C'est un bois crème veiné rose.
On en a profité pour prendre de la colle vinylique lente (excellente et pas cher) et une scie à placage (jamais utilisé ça, moi!).

1ère étape: scier les feuilles de placage

Pas si facile que ça: il faut choisir grosso-modo quels motifs du bois on va mettre en valeur. Ensuite vient le casse-tête du plan de coupe qui minimisera les joints de placage et limitera les chutes. Enfin vient l'étape découpe, en fixant au serre-joint une règle métallique de 1m pour guider la scie. En y allant doucement, scier dans le sens du bois n'embarque pas la lame de la scie (contrairement à un cutter) et ne fend pas le placage. A contre-fil (tranchage), il faut juste faire attention à ne pas embarquer/casser les bords. Bref, pas de soucis :o)
Emballé par la facilité de la manip' (ou fondu par la canicule?), je coupe plusieurs feuilles à la fois, dans la joie et la bonne humeur...

Calamitas!!! Les feuilles qui ne devaient pas être découpées d'après le plan de coupe y passent aussi!
Résultat: un joint supplémentaire par flanc :o(
Le trait de scie à placage fait un peu moins d'un millimètre. Impossible donc de faire un joint "comme si de rien n'était". Autant faire comme si c'était voulu dès le départ (ahem...). Le petit bout découpé à tort a été retourné pour obtenir un effet discrètement visible sur cette photo.

Nous avions une petite expérience avec du placage thermocollant. Muni du post du forum DIY de homecinema-fr sur le placage, et du livre de Mike Burton, on angoissait quand même un peu. Avec de la colle vinylique, la technique des joints par superposition nous tente pas du tout. Nous nous rabattons sur la technique des joints bord à bord. Encore une première!!!

Pour cette technique, il nous semble indispensable d'utiliser du papier à jointer pour maintenir les joints pendant que la colle sèche. Coup de pôt, notre ébéniste de quartier accepte de nous vendre un rouleau. Il nous demande comment nous allons mettre sous presse. "MDF19 + serre-joints + sangles". Sceptique, il nous propose même l'utilisation de sa presse!!! "Trop honnête et serviable, il finira pauvre, cet homme". Cela fait maintenant 1 mois et demi que les premières feuilles de placage ont été collées. Malgré la canicule et les manipulations, rien ne s'est décollé (cross-fingers).

"Ze" têcheunic

Voici la technique que nous avons utilisée. Difficile de faire des photos pendant les manips, désolé: la colle sèche trop vite par 30°C.


Pour faire un joint, c'est presque pareil. Faut juste être un peu plus rapide, ne pas s'emmêler les pinceaux, tout ça... :o)
Une fois un flanc commencé, il faut le finir!

Quand un flanc fini, et au moins 15 minutes après le dernier congé de colle, enlever délicatement le scotch qui protège le pourtour sans défaire la presse.
Laisser sous presser 12h. Pschitter un peu pour éviter que le placage ne travaille trop et se fende. Sinon, avec la canicule, c'est une galère!!! On a trouvé ce truc du pschittage, mais hélas un peu tard (dernière façade).

24h après le dernier collage, on peut enfin rogner le placage qui dépasse. À la défonceuse + un petit coup de cale à poncer, ça le fait bien, et peu de risque d'arracher/décoller le placage. Une feuille de placage a tout de même réussi à me faire une sale blague en se coinçant entre l'axe de la fraise et le roulement de la fraise à rogner, entrer en vibration et crac, RONGNUTUDJU!!!! Bien évidemment, c'était sur une façade, sinon c'est pas drôle. On a dooouuuucement recollé le petit bout de placage arraché, qui a quand même un peu bougé à la mise sous serre-joint (calamitas again).
Autre sale blague: si la défonceuse tourne trop vite et la fraise à rogner descend trop profondément, ca marque le placage. Peut-être que le roulement chauffait, ou que les vibrations arrivaient à faire mordre la fraise sur 1/10 mm d'épaisseur? En réglant à la vitesse à 2 et quelques millimètres pifométriques en profondeur, plus de soucis. Un ponçage minutieux et patient (autrement dit, "de galérien") a réussi à faire disparaître ces quelques marques.
Moralité: même à la défonceuse, il faut y aller avec grand soin.
On a aussi effectué le rognage à la scie à placage, en se servant d'une planche comme martyr et en inclinant la scie à placage à 45°. Ca le fait aussi. Il faut peut-être un poil plus d'attention qu'à la défonceuse. Néanmoins, c'est une alternative sympathique, qui prend le même temps, donne un résultat identique: pas de bruit, pas de copeaux qui volent dans les yeux ni de poussière, pas de stress de coincer/éclater le placage dans la fraise. En y allant doucement sans trop appuyer, il n'y a aucun risque de décoller le placage.

Il faut aussi impérativement virer le papier à jointer au bout de 24h. Ca se fait en passant une éponge humide dessus, en attendant 30 secondes, puis en passant le fer dessus. Si on attend + de 24h avant de virer le papier à jointer, le joint ne peut pas travailler, et c'est le bois qui lache! Cruelle expérience que nous avons faite...
En profiter pour enlever à l'aide d'un chiffon humidifié d'acétone et de pas mal d'huile de coude la colle qui a éventuellement reflué au travers des pores du placage.
Re-pshitter légèrement.

De notre expérience sous météo caniculaire, le placage travaille principalement durant les 48h qui suivent le collage.

Nous avons commencé le placage par la face arrière, puis les flancs, les trous du bornier et de l'évent (photo 2, photo3) ont été ensuite rognés à la défonceuse, puis placage du dessus, et enfin l'avant. Avec cet ordre, les bords des feuilles de placage sont complêtement invisibles quand on est vautré dans le divan^H^H^H^H^H^H^H^H^H^H assis à la position d'écoute, bien que les bords des enceintes soient quasi-tranchants et les angles bien pointus (gnark gnark gnark).

Ainsi se clot notre aventure du placage des Dzharis. Au prochain chapitre: feuillures et autres défonçages.